Les herbes fauves de Gaël Bonnefon

   "Il fut le seul artiste de l'édition 2013 du festival à ne pas être accueilli dans une famille. Gaël Bonnefon a résidé au Golf de Fiac, un endroit végétal et maitrisé au milieu de la généreuse campagne du Pays de Cocagne ; un endroit de solitude également, pour un artiste qui aime parcourir les nuits à la rencontre de la faune urbaine. Le contexte semblait a priori hostile pour ce noctambule, photographe des zones du déclin, des friches à la lisière des villes et des moments où l'espèce humaine, se penche au dessus des abîmes.

Gaël Bonnefon a réalisé une série de six images issues de cette résidence. Il s'agissait d'un processus de travail nouveau, à même le site. Mais également d'une relation nouvelle avec le paysage et qui ouvre sans doute une nouvelle interprétation de son œuvre. Les photographies issues de cette exploration sont à mille lieux des images de pelouses nettes et des paysages construits du golf de Fiac. A l'aide d'un appareil photo water proof bas de gamme dont l'objectif était parfois recouvert de gouttes d''eau, l'artiste est parti à la recherche des zones à l'abandon : ici un paysage barré d'un pylône électrique et d'une construction bétonnée rongée de matières végétales, là, des zones humides et marécageuses... Ces espaces semblent habités par une force où la puissance de la nature reprend ses droits sur l'humanité. Les images de Gaël Bonnefon ont la pesanteur des ruines, l'atmosphère d'une tempête, la violence d'une vie qui ne tient pas dans les frontières que l'on a tenté de lui imposer. Une telle gravité tient sans doute au fait que Gaël Bonnefon maltraite ses images : elles sont capturées, enlevées au paysage, prises avec des appareils bas de gamme puis développées avec des bains chimiques inadéquats.

De ce rapt photographique, l'artiste obtient ces herbes fauves et floues. Saturées de couleurs vertes et bleues, elles transpirent comme un trop plein de sève. Ces images ont l'odeur d'un romantisme noir – un mariage incongru entre un art du paysage qui fait écho aux lointaines avant-gardes de la fin du XIXème siècle, voire du romantisme, et l'art de capter la vie ténébreuse des choses, d'installer la fiction dans l'image photographique. Lors du festival, Gaël Bonnefon a exposé ses images sur une presqu'île – au coeur du golf – et sous forme d'images imprimées en sets de table que les clients du restaurant du golf retrouvaient sous leurs assiettes. C'est une image importée d'un autre projet qui retient l'oeuvre à l'écart d'une lecture romantique et la fait basculer ailleurs : l'image d'un lévrier qui nous regarde d'un œil noir et timide et dont on lit le titre comme on recevrait une gifle pour quelque chose qu'on n'aurait pas fait : « Elle est où la ba-balle ?! » Hein ? Elle est où ? Va chercher !"

Arnaud Fourrier
 

Elegy for the Mundane
Michaël Soyez (texte de l'exposition à la Galerie du Château d'Eau 2019)

Mélancolie du crépuscule
Sébastien Porte (Télérama n°3163)

"Elegy for the Mundane" les aspérités d'un même monde
Julien Hory (Fisheye magazine)

Entre les gens
Paul de Sorbier (texte de l'exposition, Maison Salvan)

Douceurs de la vie violente
Fabien Ribery (L'intervalle)

Elégie du quotidien
Mickaël Soyez (catalogue, Château d'eau)

Une poétique de l'accident
L'intervalle (Entretien par Fabien Ribery)

About decline
(Texte de l'exposition / Galerie du Château d'eau)

Temps Zéro
Mina Lenvka (site web)

Elle est où la baballe?
Olivier Michelon (catalogue, Afiac 2013)

Les herbes fauves
Arnaud Fourrier (catalogue, Afiac 2013)

About decline - fragments -
François Saint-Pierre (notice, collection du Musée des Abattoirs)

59 km
Michel Métayer (Cheminements 2011)

L'entraînement
David Chaignon

About decline
Marine Eric (exposition Jeune création, Le Centquatre)